mercredi 29 mars 2017

La photo du jour

Banquet en l'honneur de LL. MM. le roi Philippe et la reine Mathilde de Belgique, au palais de Christiansborg, à Copenhague. 27 mars 2017.

mardi 14 mars 2017

R.I.P. : S. A. le prince Richard zu Sayn-Wittgentein-Berleburg (1934-2017)



 
Nous avons le regret d'apprendre le décès de S. A. le prince Richard zu Sayn-Wittgenstein-Berleburg, époux de S. A. R. la princesse Benedikte de Danemark, survenu hier au château de Berleburg, en Allemagne.

Né le 29 octobre 1934 à Giessen, fils du prince Gustaf Albrecht et de la princesse, née comtesse Margareta Fouché d'Otrante, le prince Richard était, depuis la mort de son père, disparu en Russie en 1944, le 6e prince zu Sayn-Wittgenstein-Berleburg, chef de la Maison Sayn-Wittgenstein.

Le 3 février 1968, il avait épousé S. A. R. la princesse Benedikte, fille du roi Frédéric IX et de la reine Ingrid de Danemark, et soeur de LL. MM. la reine Margrethe II de Danemark et la reine Anne-Marie de Grèce.

Trois enfants sont nés de ce mariage : le prince héritier Gustav, la princesse Alexandra, comtesse von Pfeil und Klein-Ellguth, et la princesse Nathalie, Mme Johannsmann.  

Nous nous associons à la douleur de S. A. R. la princesse Benedikte, de leurs enfants et petits-enfants.

R. I. P.  



dimanche 12 mars 2017

Un poème eschatologique sur la magistrature française

Le fameux "mur des cons" de la magistrature a fait couler en son temps beaucoup d'encre dans la presse française. Et pourtant un autre "mur des cons", un vrai, un solide, un inexpugnable mur devrait, depuis quelque temps, être figé dans le paysage français, tel un mémorial de la corruption et du déshonneur dans lequel se vautrent tant de représentants de la magistrature française. Comme quoi le mythe de la séparation de la justice et du politique, tant loué par les libéraux du XIXe siècle, est l'une des plus remarquables supercheries...

Les malheurs d'un ami personnel, aux prises avec la hargne d'un médiocre juge d'instruction de province aux airs de détraqué, me pousse à faire de la poésie. Dans ses fameux Poèmes de Fresnes, composés durant son incarcération, dans l'attente de son exécution, le grand écrivain Robert Brasillach (1909-1945), qui était ce qu'il était, mais sur lequel les gauchistes de tout poil ont écrit et continuent d'écrire tant et tant de calomnies aussi ridicules qu’infamantes ("Pour tuer son chien, on dit qu'il a la rage" dit le proverbe), annonçait le grand procès final, le jugement définitif du Christ sur l'humanité. Et dans ce jugement, le "jugement des juges" aura une place de circonstance. Car lorsque la justice des hommes se sépare de la justice de Dieu, lorsque des juges humains deviennent des voyous, des pervers, des criminels, il ne reste plus qu'à attendre la pleine lumière de la vérité qui éclatera dans le tribunal suprême de Dieu.

Tel est ce poème écrit au fond d'un cachot, avec le langage d'une époque, à situer dans son époque à moins de sombrer dans l'anachronisme le plus stupide. Mais un langage qui ne peut que toucher les cœurs les plus endurcis et qui n'a certainement pas laissé indifférent un Pierre Fresnay, qui a prêté sa voix à la lecture enregistrée de ce testament d'un condamné.

Évidemment, je vous rassure, Brasillach ne cherche pas à réhabiliter les pires criminels de l'histoire, ni à relativiser le crime ! Le ton abrupt et réaliste de certains vers n'est certainement pas une apologie de la criminalité, loin de là. Les "gamins marchands d'explosifs" et les "terroristes des heures sombres" n'ont en outre rien à voir avec les kamikazes de notre siècle. Mais il nous faut nous rappeler qu'au fond de chaque homme, quel qu'il soit et quels que soient ses crimes, il y a une conscience qui demeure, aussi fragile et diminuée soit-elle, et il y a une dignité humaine, une bonté intrinsèque, qui ne peut jamais disparaître. Voilà pourquoi nos propres jugements sur le prochain ne doivent pas être aussi radicaux que nous le souhaitons... La métaphore de la balance, déjà prisée dans l'Antiquité égyptienne, n'est pas un mythe : nous serons pesés comme nous aurons pesé notre prochain, nous serons jugés sur notre charité. 

Voici donc, sans plus attendre, ce grand moment d'anthologie de la poésie française, ces vers si puissants et si dramatiques d'un condamné à mort égrenant les heures qui le séparent du moment où il sera admis à son jugement particulier. Messieurs les juges, tenez-vous bien ! "Vous ne saurez ni le jour, ni l'heure", mais vous aurez ce jour là, dies irae, dies illa, des comptes à rendre devant le Grand Juge pour vos actes de vos décisions... Patientiam habete !


Ceux qu’on enferme dans le froid, sous les serrures solennelles,
Ceux qu’on a de bure vêtus, ceux qui s’accrochent aux barreaux,
Ceux qu’on jette la chaîne aux pieds dans les cachots sans soupiraux,
Ceux qui partent les mains liées, refusés à l’aube nouvelle,
Ceux qui tombent dans le matin, tout disloqués à leur poteau,
Ceux qui lancent un dernier cri au moment de quitter leur peau,
Ils seront quelque jour pourtant la Cour de Justice éternelle.

Car avant même de juger le criminel et l’innocent,
Ce sont les juges tout d’abord qu’il faudra bien que l’on rassemble.
Qui sortiront de leurs tombeaux, du fond des siècles, tous ensemble,
Sous leurs galons de militaire ou leur robe couleur de sang,
Les colonels de nos falots, les procureurs dont le dos tremble.
Les évêques qui, face au ciel, ont jugé ce que bon leur semble,
Ils seront à leur tour aussi à la barre du jugement.

Quand la trompette sonnera, ce sera le premier travail !
Mauvais garçons, de cent mille ans vous n’aurez eu tant de besogne
Pour tuer ou pour dérober vous n’aviez guère de vergogne,
Mais vous avez bien aujourd’hui à soigner un autre bétail
Regardez dans le petit jour, c’est le chien du berger qui grogne,
Il mord leurs mollets solennels, et le fouet claque à votre poigne.
Rassemblez les juges ici dans l’enceinte du grand foirail.

Pour les juger, je vous le dis, nous aurons sans doute les saints.
Mais les saints ne suffisent pas pour énoncer tant de sentences.
Ceux qu’on a jugés les premiers, autrefois, pendant l’existence,
Comme il est dit au Livre Vrai, ne seront jugés qu’à la fin.
Ils jugeront d’abord le juge, ils pèseront les circonstances.
A leur tour alors d’écouter l’attaque autant que la défense.
Les juges vont enfin passer au tribunal du grand matin.

Les tire-laine dans la nuit, les voleurs crachant leurs poumons,
Les putains des brouillards anglais accostant les passants dans l’ombre,
Les déserteurs qui passaient l’eau happés dans le canot qui sombre,
Les laveurs de chèques truqués, les nègres saouls dans leurs boxons,
Les gamins marchands d’explosifs, les terroristes des jours sombres,
Les tueurs des grandes cités serrés par les mouchards sans nombre,
Avant d’être à nouveau jugés feront la grande Cassation.

On les verra se rassembler, montant vers nous du fond des âges,
Ceux qui, les raquettes aux pieds, parmi les neiges du Grand Nord
Ont frappé au bord des placers leurs compagnons les chercheurs d’or,
Ceux qui, dans la glace et le vent, au comptoir des saloons sauvages
Ont bu dans les verres grossiers, l’alcool de grain des hommes forts,
Et qui, négligents de la loi, confondant l’oubli et la mort,
Ont rejeté les vieux espoirs de gagner les tièdes rivages.

Ils s’assiéront auprès de ceux qui ont tiré dans les tranchées,
Et puis qui ont dit non, un jour, fatigués des années d’horreur,
Des soldats tués pour l’exemple et des décimés par erreur,
Et près des durs, des militants de toutes les causes gâchées,
De ceux qui tombent en hiver sous les balles des fusilleurs,
De ceux qu’enferment aux cachots les polices des Empereurs,
Et des jeunesses de partout par leurs chefs en fuite lâchées.

Oui, tous, les soldats, les bandits, on leur fera bonne mesure
Ne craignez pas, hommes de bien, ils seront jugés eux aussi.
Mais c’est à eux, pour commencer, qu’il convient de parler ici,
Car la parole est tout d’abord à ceux qui courent l’aventure,
Et non à ceux qui pour juger se sont satisfaits d’être assis,
De poser sur leur calme front leur toque noire ou leur képi,
Et de payer d’un peu de sang leur carrière et leur nourriture.

Les adversaires d’autrefois pour ce jour se sont accordés,
Les justes traînés au bûcher sont auprès des mauvais enfants,
Car les juges seront jugés par coupables et innocents.
Au-delà des verrous tirés qui d’entre eux pourra aborder ?
Qui verra ses lacets rendus, sa cravate et ses vêtements
Socrate juge la cité, Jeanne signe le jugement,
Et à la Cour siègent ce soir la Reine et Charlotte Corday.

Ils passeront, ils répondront, aux tribunaux des derniers jours,
Ceux-là qui avaient tant souci de garder leur hermine blanche,
Et les cellules s’ouvriront, sans besoin de verrou ni clenche.
À la cour du Suprême Appel, ce n’est pas les mêmes toujours,
O frères des taules glacées, qui seront du côté du manche.
Les pantins désarticulés attachés au poteau qui penche
Se dresseront pour vous entendre, ô juges qui demeuriez sourds.

Et ceux qui ont passé leurs nuits à remâcher leurs mauvais rêves,
Les pâles joueurs de couteau, les héros morts pour leur combat,
Les filles qui sur le trottoir glissent la drogue dans leur bas,
Ceux-là qui pendant des années ont perdu leur sang et leur sève
Par le juge et par le mouchard, et par Caïphe et par Judas,
Ils verront le grand Condamné. roi des condamnés d’ici-bas,
Ouvrir pour juges et jurés le temps de la grande relève.

Robert Brasillach
13 janvier 1945