lundi 6 février 2017

1317-2017 : 700 ans de la mort de Robert de Clermont, fondateur de la Maison de Bourbon


Les commémorations sont là pour nous faire "faire mémoire" du passé, comme aurait dit ce cher Monsieur de La Palice... Elles sont surtout là pour nous faire aller de l'avant sur le chemin inexorable de l'histoire. Les Français, qui ont immanquablement la mémoire courte depuis 1789 - les scores des échéances électorales du régime actuel en sont la preuve par A+B - ont besoin qu'on leur fasse un petit bain rafraichissant et apaisant de temps en temps ! Voici donc une commémoration qui en vaut la peine... 

6 février 1317 - 6 février 2017

 
Nous fêtons cette année les 700 ans du rappel à Dieu du fondateur de la Maison de Bourbon. Robert de France, sixième fils et dixième enfant de saint Louis et de Marguerite de Provence naquit en 1256. Il reçut en apanage le prestigieux comté de Clermont, dans le Beauvaisis. En 1272, il épousa Béatrice de Bourbon, fille de Jean de Bourgogne, sire de Bourbon, qui lui donna six enfants. Elle lui transmis en héritage le Bourbonnais, vaste territoire situé aux confins du domaine royal et des duchés d'Aquitaine et d'Auvergne, zone stratégique qui deviendra, à partir du XIVe siècle, l'une des plus puissantes principautés françaises. Le Bourbonnais sera érigé au rang de duché-pairie par le roi Charles IV en 1327, en faveur de Louis Ier le Boiteux (1280-1342), fils de Robert.

© Rosalis - Bibliothèque numérique de Toulouse

En 1279, alors que son frère, le roi Philippe III le Hardi, l'adouba chevalier, il reçut, au cours du tournoi qui s'ensuivit, un coup de masse d'arme sur la tête. Robert n'en sortit pas indemne et fut frappé de démence jusqu'à la fin de ses jours. Il avait 23 ans. Il connut toutefois de longues périodes de lucidité.  

À partir de ce jour, celui qui sera après 1285 - mort du roi Philippe III - le dernier survivant des fils du saint roi - seules ses sœurs Blanche (1253-1320), infante de Castille, et Agnès (1260-1325), duchesse de Bourgogne, lui survivront - vivra dans l'ombre. Son neveu Philippe IV le Bel lui confia cependant plusieurs missions, notamment la négociation d'un traité avec l'empereur germanique, Henri VII de Luxembourg.

Sa longévité et son prestige lui attireront le respect de tous. C'est ainsi qu'en 1316, il fut appelé, en sa qualité de fils de saint Louis, à trancher le débat entre les pairs du royaume sur la succession du roi Louis X le Hutin, notamment sur l'octroi du titre de régent au frère cadet du défunt monarque, Philippe de Poitiers. Robert se déclara en faveur de Philippe, au grand dam de Charles de Valois, oncle et principal conseiller de Louis X. Il mourut l'année suivante, le 7 février 1317, à l'âge de 61 ans.

Si la personnalité de Robert de Clermont est restée dans l'ombre, en raison de sa maladie, il nous rappelle, à l'anniversaire de son rappel à Dieu, la fondation d'une nouvelle branche de la dynastie capétienne : la Maison de Bourbon. Son fils Louis Ier, premier duc de Bourbon, inaugura pleinement cette Maison qui ne tomba pas dans l'oubli et grandit en puissance. Cette Maison fournira au royaume de grands serviteurs de l'État, parmi lesquels nous pouvons citer : 

© Theudericus.free.fr

         Le duc Louis II le Bon (1337-1410), membre du conseil de régence pendant la minorité du roi Charles VI, son neveu, et principal artisan de la modernisation du duché de Bourbon, à l'instar de Philippe III le Bon, duc de Bourgogne ;
         Le duc Pierre (1439-1503), gendre de Louis XI, régent du royaume de France aux côtés de son épouse Jeanne de France, de 1483 à 1491, pendant la minorité du roi Charles VIII ;
         Le duc Charles III (1490-1527), connétable de France, et plus riche seigneur d'Europe : il régnait sur le Bourbonnais, l'Auvergne, le Forez, la Marche, etc. Malheureusement, tenté par une ambition sans bornes, il finit par se révolter contre le roi François Ier et rejoignit les rangs impériaux. Ce fut lui qui captura le monarque Valois au siège de Pavie (1525). On connaît sa triste fin : il dirigea le siège de Rome et fut tué d'un coup d'arquebuse avant le pillage de la Ville éternelle. Il avait tout perdu... et surtout l'honneur ! 



          Le vaste héritage du connétable déchu avait été transmis à Louise de Savoie, mère de François Ier, en 1522. Il fut réuni au domaine royal en 1531.

         La branche cadette des Bourbons survécut au déshonneur dans lequel s'était fourvoyé le connétable. Le 2 août 1589, sur son lit de mort, le roi Henri III désigna publiquement comme son successeur, confirmant ainsi le régime successoral de la loi salique, Henri de Bourbon-Vendôme (1553-1610), roi de Navarre depuis la mort de sa mère, Jeanne III d'Albret, en 1572. Il devint Henri IV et inaugura le règne de la Maison de Bourbon sur le royaume de France. C'est ainsi que le lointain descendant de Robert de Clermont - à la 9e génération - consacra pleinement les origines de cette Maison issue du sang de saint Louis !

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